jeudi 31 mai 2012

Cambodge, jour 3: Angkor Vat, éléphant et crocodile burger!

Cher tout le monde,

Troisième et dernière journée de visite des temples qui fut ô combien riche et prolifique. La matinée entière était reservée à Angkor Vat, ce qui se justifie étant donné l'aspect colossal de la chose. C'est tout de même considéré comme le plus grand édifice religieux du monde, ça vous pose un temple tout de même. Effectivement, c'est énorme. Heureusement, les bas-reliefs sont dans des galeries couvertes, vu qu'il faisait bien chaud et que le soleil cognait dehors. Tout le premier niveau est couvert de fresques qui racontent diverses histoires de la mythologie locale, sur des dizaines de mètres, c'est vraiment impressionnant. C'est tellement grand qu'on ne peut même pas vraiment prendre de photo d'ensemble, tellement c'est étalé, ça fourmille de détails, de personnages sacrés, de récits de batailles, d'animaux légendaires, des scènes divines, c'est sans fin.
Et il y a des apsaras. Dès qu'on sort des galeries avec les fresque, on en croise à tous les coins, sur tous les murs, toutes les portes. Des apsaras partout, de toute beauté. Je vous passerai les 3484720 photos que j'ai faites en poussant des petits cris hystériques, mais en voici tout de même quelques unes.





Ho, des apsaras!

Ho, encore d'autres apsaras! (non mais franchement ne sont-elles pas magnifiques?)
Le temple s'étale sur trois niveaux, arrivé au dernier, nous avons eu un épisode cocasse (je le raconte avant que Juliette le fasse à sa façon et se gausse de moi allègrement). Tout en haut, c'est la partie qui est encore consacrée avec des Bouddhas "en activité" si je puis dire. Du coup il faut être habillé décemment, j'avais un débardeur et une longue étole drapée sur mes épaules, mais les étoles ça n'est pas permis, non madame vous ne montez pas. Pourtant je pensais que ça irait, en Italie je me baladais toujours avec un très grand foulard pour me le mettre sur les épaules dans les églises et ça n'a jamais posé problème.
Du coup je laisse monter Juliette qui, elle, avait les épaules couvertes contrairement à la gourgandine que je suis. En redescendant comme elle voyait que j'étais un peu déçue, on a cherché un couloir obscur et peu fréquenté pour échanger nos tee-shirts en se cachant derrière l'étole et en braillant "allez dépêêêêêche!" "oui mais avec la sueur mon truc il est tout collé à moiiiiii!". Un peu comme si on s'était déshabillé dans un recoin obscur de Notre Dame à Paris, honte sur moi qui suis une impudique hétaïre dotée de débardeur indécent offensant la morale bouddhique.
Bref, l'épisode ridicule du jour, une fois affublée de la blouse décente de Juliette, j'ai pu monter aussi et c'est vrai qu'il y a une belle vue, de là-haut. Et puis bon ça aurait été un peu idiot de venir jusque là et de ne pas monter. Soit dit en passant, l'escalier est extrêmement escarpé au dernier niveau, ils ont placé un escalier en bois pour que les gens ne se tuent pas en route, et même là il faut rester prudent, surtout à la descente. L'explication est que le sommet est consacré au divin, et la pente vertigineuse de l'escalier illustre la difficulté pour les hommes à accéder au monde des dieux.


Devinez quoi, une apsara...


Bon ok j'ai déjà mis trop d'apsaras mais celle-là, elle a encore des traces de rouge à lèvres!
Au sortir d'Angkor Vat, Juliette essaie de sympathiser avec un congénère peu enchanté qu'elle ait essayé de lui tirer la queue... 
Après une habituelle pause piscine sieste, nous voici reparties en tuk tuk pour la porte des génies. Sur les bords du pont, génies d'un côté et démons de l'autre, qui tirent la queue du serpent cosmique dans l'épisode du barattage de la mer de lait (tout ça est encore un peu obscur à mes yeux, il faut vraiment que je révise ma mythologie hindoue). Au bout, la porte d'Angkor Tom, qui mène au Bayon, surmontée d'une tour où figurent des têtes de Bouddha. Là déjà, c'est classe. Mais après c'est devenu encore mieux, parce qu'on a abandonné pour un moment notre tuk tuk préféré pour...


... un éléphant, oui madame! On a fait le chemin entre la porte d'Angkor Tom et le Bayon en éléphant! Nan mais si ça c'est pas formidable, tout de même? Ca nous a franchement mises en joie, avouons-le, et on a gloussé sur tout le trajet. On a d'ailleurs eu un gros succès auprès des gens qui passaient et qui nous montraient du doigt, épatés, pendant que nous dominions le monde depuis notre royale monture.
Ca a pris un moment parce que ça ne va pas très vite, un éléphant, surtout le nôtre qui a décidé à un moment de s'arrêter faire une pause casse-croute. Forcément, il y avait un gros tas d'herbe fraichement tondue sur le chemin, c'était trop tentant. Inutile de vous préciser que quand l'éléphant a décidé qu'il ne bougeait plus, le guide peut tirer tout ce qu'il veut, autant pisser dans un violon comme on dit!

Ca manque un peu d'esclaves qui agitent des parasols et de danseuses sacrées pour nous ouvrir la route, mais c'était pas mal quand même hein. On remercie notre gentil chauffeur de tuk tuk qui nous a immortalisées sur notre fier destrier devant le Bayon, c'est quand même assez classe! 

Juliette qui fait la danseuse sacrée devant le Bayon.
Le Bayon est un endroit assez étrange. Il est composé de nombreuses tours qui sont toutes ornées de quatre visages de Bouddha. Il n'y en a pas un semblable aux autres, et ça fait un drôle d'effet d'être entouré par tous ces visages aux yeux mi-clos et au sourire serein, dont certains ont été à moitié effacé par le temps.




Terminé en beauté avec la célèbre terrasse des éléphants, qui fait plus de 350m de long, d'où les rois siégeaient pour les cérémonies et les spectacles. Juste derrière se situe la terrasse du Roi Lépreux,
"doit son nom à une petite statue asexuée que l'on pense être la statue du roi Yasovarman qui serait mort de la lèpre. Mais l'autre explication est que cette statue représenterait Yama, le dieu des morts, et la terrasse du Roi Lepreux aurait été en fait un crématorium royal. " Quel qu'ait été son usage, les frises sont remarquables encore une fois de finesse et valent le détour.







Nous avons finalement quitté le parc d'Angkor avec l'orage qui menaçait de tomber, un peu tristes de partir déjà et dans le même temps assez émerveillées de tout ce qu'on a pu visiter en l'espace de quelques jours. C'est vraiment une chance incroyable d'avoir pu être là et de voir tout ce qu'on a vu.

Le soir, on est allé à l'hôpital pour enfant Jayavarman VII. Ce dernier est tenu par un médecin suisse, dit "Beatocello", qui joue remarquablement du violoncelle et donne un concert tous les samedis pour récolter des fonds. Dans le même temps, il vous parle de la situation financière et surtout sanitaire au Cambodge, ce qui a tendance à vous coller une vieille claque derrière la nuque. Bienvenu à la réalité du pays après avoir fait les gros touristes... Je ne saurai trop dire mon admiration pour cet homme, qui depuis 30 ans récolte des fonds privés dans le monde entier pour faire tourner les 5 hôpitaux qu'il a montés, où les enfants viennent des quatre coins du pays et sont soignés totalement gratuitement. Tous les chiffres qu'il vous sort ont tendance à vous assommer un peu, tant ça parait effarant à nos yeux d'occidentaux bien confortables.

Comme a dit Juliette, c'est là qu'on peut dire merci pour être né en France et qu'on y est vraiment pas si mal lotis que ça. On a beau ronchonner et râler pour tout en bons français jamais contents, quand tu sais par exemple que 65% des Cambodgiens sont porteurs de la tuberculose suite aux exactions des Khmers Rouges, ou que 60% des gamins qui atterrissent à l'hôpital décéderaient par manque de soin si leurs parents ne traversaient pas tout le pays en mobylette pour les ramener là... tu mets tes petites histoires chouineuses de sécurité sociale et de gouvernement et blablabla dans ta poche et tu te tais. Si si, tu te tais.

Je pense que c'est une des grandes leçons que je retiendrai de mon séjour en Asie : on a de la chance, beaucoup de chance, de vivre en France, d'avoir le système politique qu'on a, les conditions de vie, la richesse et les libertés qu'on a. Je ne dis pas que tout est rose chez nous, bien entendu, il y a évidemment des choses qui ne vont pas trop non plus, mais quand tu as vu un peu ce qui se passe ailleurs, finalement on est vraiment des privilégiés.

Bref, après ce cri du coeur un peu sérieux, il ne faudrait pas rester sur cette note tragique et je vous raconte la fin de notre soirée. On avait déjà prévu de faire plein de choses idiotes mais du coup on a un peu culpabilisé quand même en sortant de l'hôpital. On a laissé des sous, ils appelaient également les jeunes à donner leur sang car ils sont en plein dans une épidémie violente de dengue. J'aurais bien aimé le faire mais étant donné que je suis potentiellement porteuse du palu, je me suis dit que j'allais éviter de le refiler aux gamins qui sont déjà en état de choc hémorragique. Ils ont bien expliqués qu'ils sont aussi rigoureux qu'en Europe à ce niveau et refusent d'abaisser les critères de sécurité de don de sang sous prétexte qu'ils sont dans un pays pauvre ; on le leur a reproché, sous le prétexte qu'il fallait s'adapter aux moyens du bord, et là je me dis qu'on marche sur la tête. Bonjour, déjà vous êtes pauvres, ben alors on va vous soigner de façon merdique!  Ok ok j'arrête, mais ça m'énerve...

Donc disais-je, nous culpabilisions un peu mais après on a essayé de se raisonner en se disant que le tourisme, c'est aussi ça qui fait vivre une bonne partie de la population à Siem Reap (la vieille excuse). Donc finalement on a pratiqué quelques activités particulièrement idiotes qui nous ont mises en joie.

Première étape : on s'est fait manger les pieds par des poissons. Oui je sais dit comme ça c'est un peu étrange, mais véridique. En fait dans le centre il y a des gros aquariums avec des bancs tout autour, tu t'assois dessus, tu mets tes pieds dans l'eau, et là des tas de petits poissons se précipitent sur tes délicats petons. C'est un peu répugnant dans le principe, parce que ces délicats poissons argentés mangent les peaux mortes de tes pieds, ce qui est assez étrange mais laisse ta peau douce comme jamais. En revanche, les cinq premières minutes, ça chatouille horriblement! Déjà moi je suis assez sensible donc je poussais des tas de gloussements, mais je gloussais encore plus de voir Juliette tressauter et hululer de rire à côté de moi, vu qu'elle est encore plus chatouilleuse. J'ai vraiment cru qu'elle allait en faire pipi dans sa culotte (moi aussi honnêtement), à force de rire comme ça. Au début on s'est dit que les gens allaient nous prendre pour des tarées, mais plus tard d'autres visiteurs sont venus aussi se faire manger les pieds, particulièrement une dame chinoise qui gloussait et criait encore plus que nous, donc apparemment c'est normal.

Mises en joie par 20 minutes de ce traitement, on a cherché où manger et là on est tombé sur un concept mortel qui a aussitôt remporté notre adhésion : le burger de crocodile! Oui vous avez bien lu, du crocodile, en burger! Ils en élèvent beaucoup dans des fermes aux alentours, pour le cuir principalement, et pour la viande aussi. Ca a un goût assez étrange, c'est très dense et très compact comme viande, avec un goût de viande un peu fumée et un arrière-goût de poisson; c'est extrêmement surprenant et pas mauvais du tout. Du coup on s'est empiffré ça, accompagnés de "mojitos khmers" au gingembre ou au poivre, qui était du dernier délicieux.

Dans la même journée, nous avons donc accumulé Angkor Vat, l'éléphant, le Bayon, l'hôpital, les poissons, le crocodile, excusez du peu! Mon seul regret maintenant, c'est de n'avoir pas pu rester plus longtemps pour parcourir le pays, qui a l'air assez fascinant dans son ensemble. On n'a vu quasiment que les temples et un petit peu la ville de Siem Reap, j'aurais adoré aller à Phnom Pen et sillonner un peu les alentours. Mais je me dis aussi que ce n'est que partie remise... Un jour, je reviendrai!

samedi 26 mai 2012

Cambodge, jour 2: glousse glousse glousse...

Oyez oyez,

Deuxième journée, on se l'est faite un peu plus cool parce que mine de rien, crapahuter dans les temples, c'est assez fatiguant, et que Juliette commence à avoir un petit contre-coup de son jet-lag. Ce matin on était de vrais flambys tout mous. On est quand même parties à 8h30, pour une destination assez éloignée, le temple de Banteay Srei.  Il faut une bonne demi-heure de tuk-tuk pour y aller, mais du coup c'était assez sympa parce qu'on a traversé toutes sortes de villages dans la campagne, croisé des enfants sur le chemin de l'école, admiré les belles maisons sur très hauts pilotis… Il y avait notamment une maison où ça vendait des animaux en plâtre sculpté et peint de toute beauté qui nous a mis en joie, jugez plutôt:




Arrivée à Banteay Srei, le site est très bien aménagé avec des panneaux d'explication à l'arrivée, et une petite expo montrant des photos détaillées, les fouilles, la reconstruction, etc. Ce temple est célèbre pour son très bon état de conservation au niveau des sculptures, qui sont d'une finesse exceptionnelle. A tel point que son nom signifie 'temple des femmes", car on dit que seule une main féminine a pu faire des reliefs d'une telle subtilité.








Ca c'est la photo anecdote : le tuk tuk ferrari, super classe quand même!


Par la suite, on avait vaguement envisagé d'aller à la rivière aux mille lingas. Mais c'était encore plus loin, et quand le chauffeur du tuk tuk nous a expliqué qu'il faudrait "climb 2km in the jungle" pour atteindre la rivière, que Maurice déconseillait dans son programme d'y aller s'il faisait chaud, on a décidé que ça allait pas être possible. Du coup on a demandé au chauffeur de nous choisir un temple sympa sur le chemin du retour, et il nous a déposées à un autre temple dont j'ai malheureusement oublié le nom, ce qui était un très bon choix.






L'après-midi on est sorti du programme conseillé par Maurice (horreur!). On avait un peu peur de se lasser des temples en ne faisant que ça, du coup on est allé en ville, dans Siem Reap, voire quelques pagodes et faire le marché. C'est assez mignon comme ville, moi je voyais ça comme un énorme machin, mais pas du tout, c'est assez étalé mais à taille humaine avec de petites maisons, des tas d'écoles partout, la route qui longe la rivière, et le quartier "touristique" avec le marché et des tas de restaurants assez sympas. On a fait trois pagodes, les bâtiments sont vraiment beaux, avec des toits colorés et sculptés magnifiques. A l'extérieur il y a des stupas funéraires un peu partout, comme nos cimetières mais en beaucoup plus ornementé.

Dans la première, un moine est gentiment venu nous ouvrir les portes pour qu'on puisse contempler l'intérieur et les fresques peintes au mur qui racontent la version locale du Ramayana (Claire j'ai pensé à toi, forcément!).









La deuxième était plus moderne, avec un tas de frise en relief qui racontait la vie du Bouddha, de façon assez kitchissime d'après les goûts européens...








Dans la troisième, j'ai pris très peu de photos parce que c'était assez particulier; elle a été construite pour recueillir les restes des moines tués par les Khmers Rouges. Il y avait des photos témoignages des exactions commises, et un stupa funéraire avec des vitres transparentes qui laissaient voir les ossements soigneusement rangés. Ca me paraissait un peu indécent de prendre tout ça en photo comme un grosse touriste, l'endroit incitant plus à la refléxion qu'au mitraillage photo à tout va. C'était néanmoins assez vivant parce qu'il y avait une grande communauté de moines, qui portent ici une robe orange vif (pas comme au Vietnam où ils sont en brun), notamment toute une classe de petits garçons en sarong orange vif. Ca fait un drôle d'effet de les voir courir et jouer en rigolant à tout va dans ce lieu. 

Le soir, on s'est rendu dans sur "Pub Street", la rue des restaurants bien touristiques mais également bien animés. On est allé au Temple Bar, un lieu bien kitch à souhait mais qui présente l'avantage de produire tout les soirs un spectacle de danse traditionnelle khmer. Evidemment c'est surtout destiné aux touristes, ce qui me gêne un peu en soi, mais après il faut bien assumer que nous sommes des sales touristes. Le côté commercial de la chose n'enlève pas cependant la grande beauté des danseuses, des costumes, et la grâce qu'elles dégagent malgré le lieu bruyant bondé de voyageurs. Bref, bonne journée, bonne soirée, que demande le peuple? 

Juliette contente de goûter les spécialités de cuisine khmère dans de la feuille de bananier!




jeudi 24 mai 2012

Le Cambodge, jour un : extatique, que je suis...

Très chers fidèles lecteurs amis, 

Depuis hier soir je suis au Cambodge, j'ai rejoint Juliette sur place et nous avons poussé des petits piaillements hystériques en nous retrouvant (quand même, ça faisait 6mois que je n'avais pas vu ma petite-fille adoptive, c'était le drame!).

En plus je ne sais pas si vous réaliserez bien, mais j'ai pris l'avion seule pour y aller. Seule. L'avion. Et j'ai demandé exprès une place près du hublot. 
Parce que maintenant non seulement je ne fais plus de crise de terreur totale en montant dedans, mais je me suis découvert une passion pour regarder le ciel depuis les airs. Je ne dis pas que j'aime ça. Je me suis encore enfoncé les ongles dans la paume des mains quasiment jusqu'au sang au décollage. Mais je n'ai pas pleuré, pas arrêté de respirer, pas tremblé de peur pendant tout le traket. Depuis que j'ai pris l'avion seule pour faire Ho Chi Minh-Hanoi et que j'ai vu un coucher de soleil depuis les nuages, je suis presque (presque attention) réconciliée avec l'avion. Mon émerveillement contrebalance la terreur que j'avais avant, et c'est un énorme progrès pour moi. Bref, je referme cette parenthèse avionesque, revenons au Cambodge.  

Donc pour commencer, notre hôtel, recommandé par Maurice, est juste absolument formidable. "Mystères d'Angkor" est composé de lodges avec piscine, le personnel est charmant, et je ne vous parle pas de la nourriture. Demain je vous mets des photos, j'ai oublié d'en prendre aujourd'hui dans le seul but purement scandaleux de vous faire pleurer vos mères de jalousie et de dépit ; que voulez-vous, ma mesquinerie naturelle a été oblitérée par mon excitation devant tous les temples...

Sur les recommandations de Maurice, qui est déjà venu plusieurs fois, nous avons commencé par les plus petits temples. Il part du principe qu'il vaut mieux débuter avec les plus modestes, pour terminer en apothéose par Angkor Vat et le Bayon, les deux plus beaux; le raisonnement me semblant légitime, ainsi fut fait. 

Le matin, nous sommes gaillardement parties en "tuk-tuk", le moyen local de transport touristique, à savoir une espèce de calèche attelée à un scooter conduit par un charmant guide, et en avant route. On a effectivement commencé par un tout petit temple, Prasat Kravan, qui contient dans la tour centrale de très beaux reliefs sculptés. Là, déjà, on s'est mises à glousser compulsivement en se poussant du coude, parce que hé, hé, hé, on est au Cambodge en train de visiter les temples d'Angkor, huhuhuhu. 



Deuxième temple de la matinée, Pre Rup, qui est déjà de taille plus imposante et bâti sur le modèle des "temples-montagnes", à savoir des galeries aboutissant sur un grand escalier qu'il faut escalader pour atterrir sur une plate-forme où se trouvent cinq tours, une à chaque angle plus une centrale. La plupart du temps, dans la tour du milieu on trouve encore un Bouddha, habillé de tissu doré, avec moult batons d'encens et offrandes, et on peut allumer un baton soi-même pour se porter bonheur. 

C'est là que Juliette, qui trouvait déjà qu'il faisait chaud, a commencé à comprendre l'intérêt de rester vautré à l'ombre sans bouger le petit doigt par climat tropical. Et encore, comme je lui ai dit, il faisait un peu nuageux et donc relativement frais. Trois volées de marches (certes très hautes, étroites et usées), ça donne juste envie de s'étaler en étoile de mer sous un climatiseur à puissance polaire. Elle n'a pas apprécié de devenir, je cite "un petit cochonnet rose et luisant"; par ailleurs elle m'a interdit de poster toute photo d'elle dans cet état sous le fallacieux prétexte de ne pas pousser à la rupture horrifiée avec Mathieu, ce qui, je trouve, dénote un certain manque de fantaisie. 


Suite du programme, Mebon Oriental , qui m'a beaucoup plu parce qu'il y a des éléphants sur deux étages aux coins des terrasses. J'adore les éléphants. J'en ramènerai bien un à la maison mais ce doit être un tantinet encombrant. 


Référence culturelle familiale pour mon Papa : "Qu'est-ce que tu dis, enfant d'éléphant?" "Rien, rien, je ne dis rien!"

Certaines fresques ont été remontées, mais pas sur les murs, ces derniers étant un tantinet branlants et souvent soutenus par des échafaudages en bois pour les empêcher de tomber sur le côté... 

Après les temples en brique rouge, qui étaient autrefois couvertes de plaques de plâtres sculptées, on est arrivé dans des temples en pierre, Ta Som et Neak Pean, un peu plus noyés dans la jungle. Certains endroits sont encore en chantier total, voire complètement démolis, ce qui rappelle que les lieux ont été abandonnés pendant des siècles avant que les archéologues ne les retrouvent. Vous verrez un peu plus loin à quel point la nature peut reprendre ses droits là-dedans. 




Après avoir déjeuné, on est retourné un petit coup à l'hôtel, histoire de se mettre au frais dans la piscine et de faire la sieste aux heures les plus chaudes. La sieste, c'est sacré, il y a des choses avec lesquelles on ne rigole pas, hein.

Juste pour l'anecdote: on est passé plusieurs fois devant ce bâtiment qui un centre commercial et que je trouve d'un kicthissime absolument fantastique. Même au Vietnam, ils n'avaient pas osé. Vous n'en rêviez pas, mais le Cambodge l'a fait quand même... xD 
L'après-midi deux temples déjà beaucoup plus grands que les précédents, où on a passé une bonne heure à chaque fois. Les sculptures se font plus fines, plus détaillées, mieux préservées ou restaurées, en particulier les "apsaras" ou danseuses sacrées qu'on trouve partout, et pour lesquelles j'ai une passion. Il y en a vraiment de magnifiques, et pourtant je sais que je n'ai pas encore vu les plus belles: j'en bave d'avance à l'idée de voir les fresques au Bayon.

L'autre chose qui m'a frappée, c'est le travail colossal qui est réalisé en permanence sur ces sites. Il y a un peu partout des travaux financés par des pays mécènes, qui aident à reconstruire et restaurer les lieux. D'après ce que j'ai lu, on retrouve presque toujours les "morceaux" de bâtiments, et c'est un travail de fourmi titanesque que de remonter tout ça. Les photos avant/après sont impressionantes, on passe d'un gros tas de morceaux de pierre effondrés à des bâtiments remontés intégralement.





Pendant qu'on faisait notre visite à Banteay Kdei, le tonnerre a commencé à gronder et le ciel à s'obscurcir brutalement. Outre qu'il faisait plus frais, on a eu un ciel fantastique soudainement, et un arc-en-ciel au-dessus de tours, jugez plutôt :


Franchement, est-ce que ça n'est pas de toute beauté, purement et simplement? 
Arrivées à Ta Prom, on s'est pris une bonne rincée, l'orage a crevé et on remercie ma présence d'esprit pourtant rare qui m'a fait mettre une cape de pluie dans le sac. Ca ne nous a pas empêchées de déambuler dans ce temple qui présente un aspect assez intéressant, car si la majeure partie de la jungle qui couvrait tout a été dégagée, ils ont gardé certains arbres colossaux qui ont poussé dans les murs du temple et expliquent pourquoi la plupart des constructions ont été ravagées et démontées par la nature pendant les siècles où c'est resté totalement abandonné. Les arbres sont monstrueux, les racines font un mètres de large (juste les racines), et on comprend pourquoi ça s'est effondré sous la poussée de la jungle. 




Pour la fin de la journée, on est allé voir le coucher de soleil sur la porte ouest d'Angkor Vat, sur les recommandations de Pascal à qui appartient notre hôtel. D'après lui, il faut apprivoiser l'endroit petit à petit... On n'est pas rentré dans le site, on a juste franchi les douves et fait quelques photos à l'arrière avec un guide sympa qui nous a fait faire un petit tour sous le nez des gardiens qui nous houspillaient parce que ça fermait. Déjà, quelques très belles vues, et l'envie d'y retourner qui monte, monte...




Bientôt, bientôt Angkor Vat en entier... 
Bilan de la journée, après une seconde plongée dans la piscine et un excellent dîner, je suis positivement ravie. On a déjà vu des choses magnifiques, et je sais que ce n'est que le début, que ça va être de plus en plus beau. C'est vraiment formidable en soi, et je suis tellement émerveillée, de la chance que j'ai de pouvoir voir tout ce que j'ai vu, que je pourrais presque me mettre à pleurer.  

Je ne sais pas trop comment vous dire ça, mais Angkor ça m'a toujours fait rêver. Ca fait partie des choses dont je me suis dit : "Une fois dans ma vie, je veux voir ça." Et bien voilà. J'y suis.